jeudi 5 mars 2009

Les joies des retours de province

















Correspondance particulière

J’adôoore les voyages en train. L’autre jour, avec Anne, mon amie d’enfance, nous avons énormément ri dans un tgv qui nous ramenait à Paris, après un week end au pays. Le train était bondé et nous avons du lutter durement pour récupérer nos places réservées côte à côte, qu’une femme accompagnée d’un enfant en bas âge nous suppliaient de lui laisser. « La prochaine fois vous réserverez, ai-je dit avec élégance et fermeté, et puis ce n’est pas la peine de nous faire le coup du chantage affectif ». Elle est alors partie s’installer sur l’un des strapontins des entre-wagons, en reniflant et serrant fort son enfant. Elle a ainsi pu profiter du voisinage sympathique de jeunes rappeurs fumeurs de joints, rebelles aux consignes de respect d’autrui et d’interdiction de fumer.

Sur ce nous nous sommes installées bruyamment, parce que nous étions chargées, un peu énervées de tout ce grand air, et puis aussi parce que nous aimons bien faire du bruit et nous faire remarquer. D'autant plus que dans ces trains de Vendée, les gens ont à cœur de faire croire que non non, pas du tout, ils ne sont pas eux même de Vendée. Ils sont juste venus rendre visite à des amis for the Vendée Globe Challenge, you know. D'autant que le TGV en Vendée, c'est tout nouveau.

Pour finir, nous avons réussi à caser tous nos sacs et cabas, dont le sac a roulettes d’Anne qui fait énormément de bruit. Restaient nos vestes-doudounes, et là j’ai montré à Anne une petite étagère à mi hauteur faite exprès. Mais il fallait tasser un peu les vêtements. J’ai donc enlevé ma vieille doudoune en vraies plumes d'oies qui n'en peut plus et qui perd ses plumes, et je l’ai tassée tant bien que mal dans la demi-étagère sous le truc à bagages.

Je tassais, tassais, et les plumes volaient, volaient ... Jusque sous le nez de nos deux voisins de devant. Comment dire... Deux pétasses parisiennes. Sans doute vendéennes d'origine. Peut être même de la Mothe Achard ou de Saint Mathurin. Landeveille ? Non peut être pas quand même... Mais résolument scotchées à leur ordinateur portable pour visionner un dvd. Alors toutes ces plumes d'un coup qui voletaient et leur chatouillaient le nez, ça les agaçait ces connasses. Elles agitaient les mains et faisaient des moulinets avec leurs frêles poignets de parisiennes mon œil. Alors j'ai dit : "ha scusez nous, savez ce que c'est, on ramène des poules de Vendée à Paris, alors, forcément ça fait des plumes...". Et Anne a ajouté : "ben je ne comprends pas, on les a plumées pourtant ?" Et les deux idiotes qui agitaient les mains et soupiraient...

Nous avons passé le reste du voyage à nous inquiéter en parlant fort de ces pauvres poules de St Mesmin que nous avions accrochées en haut juste au dessus (« Allaient-elles perdre encore un peu de sang ? ») et à nous réjouir de cette bonne poule au pot que nous allions pouvoir nous faire un de ces dimanches.

Les deux de devant on ne les a pas entendu. Mortes de honte je pense... Surtout si l’une était vendéenne, et l'autre pas. Genre retour à Paris après un week-end fiançailles à St Mathurin. Présentation aux beaux parents qui avaient du faire des efforts pour planquer les napperons de dessus la télé et les photos de famille où on a trop bu, genre danse des canards ou pire la chenille, tous rougeots de trop de Mareuil.

Quand nous avons ouvert la bouteille de vin rouge (c'était même pas du Mareuil) et les sandwichs, j'ai fort regretté que ce ne soit pas du pâté qui sentait très fort. Pour compenser, j'ai suggéré qu'on renverse du vin rouge qui tache sans faire exprès sur les pulls en cachemire de nos deux voisines de devant. Mais Anne a mis le holà : "T'es trop folle et trop en nerfs" m'a t'elle dit. "Et puis c'est pas parce que t'es malheureuse qu'il faut t'en prendre aux autres". On a tellement ri ... Très fort. Les gens n’aiment pas qu'on rit fort.

Anne avait raison : un attentat au vin rouge, ça peut porter à conséquence durablement au niveau des relations internationales et même interrégionales. Vu le contexte et la carte des régions redécoupée par Balladur, tout peut être interprété n'importe comment. C'est tellement tendu, avec cette crise en plus, qu'on a vite fait de passer pour des pétasses sarkosiennes, voir devilliéristes. Manquerait plus que çà, quel scandale !

Mon Dieu, qu'il est difficile de survivre, même en week-end au pays, dans ce monde post moderne et traversé par les crises et les mutations...

Irène B, réfugiée politique vendéenne, camouflée quelque part dans un ministère parisien

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire