mercredi 4 décembre 2013

Initiales AC



Chère Moumoune, Fofo, Marie-Claire, MC... Les surnoms que t’ont donnés au fil des années tes inconditionnels et indéfectibles followers et dont on a parfois oublié la provenance ne manquent pas, mais aucun n’arrive à rendre compte de toute la complexité et du mystère qui entourent ta personne. Aussi, j’utiliserai ton nom de baptême pour te souhaiter un bon anniversaire. Bon Anniversaire Anne-Claire !!!! En effet, ce soir, j’ai la chance de faire partie des privilégiés triés sur le volet que tu as réunis dans un lieu jalousement tenu secret afin de célébrer tes quarante printemps. Et je n’arrive pas à y croire : toi, l’effrontée boudeuse, l’éternelle adolescente, tu es désormais quadragénaire. Tout fout le camp ! Même en poussant la jeunesse dans ses derniers retranchements, le temps nous rappelle à l’ordre impitoyablement. Tu me diras comment c’est de l’autre côté, si on peut continuer à picoler et rigoler, même un tout petit peu ?

Je retourne régulièrement dans l’université où nous avons fait nos premières armes, désormais dans le rôle du grand capital ennemi, et un épisode récent digne du Péril Jeune -film culte qui a impacté de manière décisive notre post-adolescence troublée, surtout grâce au lumineux Romain Duris, presque quadra lui-aussi – m’a ramenée quelques années en arrière. L’établissement est toujours une poudrière qui enfante des multitudes de révoltés en herbe. Ce jour-là, une bande d’étudiants chevelus en mal d’action voulaient prendre d’assaut le bâtiment administratif principal et séquestrer les membres du comité d’administration. Ils tapaient sur les grilles, façon tambours du Bronx, grimpaient sur les toits et émettaient des grognements sourds. Leur champ de revendications était assez large allant de la libération de la Palestine, en passant par les droits des homosexuels ou encore le musellement de Nabilla. Ces jeunes gens, fermement convaincus de la noblesse de leurs combats et emportés par le vent révolutionnaire, insultaient également les vigiles contractés pour l’occasion en les traitant de nazis. Les pauvres zouaves dont le teint basané ne laissait aucun doute sur les origines n’en menaient pas large. Peu impressionnée, je me suis frayée un chemin au milieu de cette joyeuse guérilla urbaine et ai franchi sans problème les barrages de sécurité. Je me suis d’abord félicitée de cette petite victoire, puis je me suis dit que, certes mon autorité naturelle y était pour quelque chose, mais que cette entrée facilitée était surtout due au fait que je n’avais plus l’air d’une étudiante, même d'une master 2 qui aurait beaucoup redoublé ! Anne-Claire, Romain, je compatis.

Mais revenons à toi Anne-Claire car c’est bien de toi dont il s’agit aujourd’hui. Tu as voulu placer cette soirée sous le thème du voyage et qui de mieux que toi peux incarner l’âme des voyageurs. Toujours entre deux avions, tu as bourlingué à travers le globe avec élégance et volupté et nourris de nombreuses légendes urbaines. Les enfants s’émerveillent et tremblent en apprenant comment tu as déjoué la convoitise et les pièges de pervers sexuels alors que tu faisais du naturisme sur des plages désertes ou t’étais aventurée dans les bas-fonds de capitales africaines. Même si ta modestie naturelle t’interdit de le reconnaître, tu as aussi eu un impact décisif sur la situation géopolitique mondiale. Les anglais n’ont pas su apprécier tes compétences professionnelles à leur juste valeur, notamment en boudant ta technique incomparable du lancer de soupière sur le client. Les espagnols ont été plus réceptifs. Ils ont fini par se remettre en question à force de se faire traiter de peuple servile et tiers-mondiste. Le mouvement des indignados a d’ailleurs démarré juste après ton départ du pays. Les mexicains, eux, ont totalement revu leurs us et coutumes. Le fameux cocktail de camarones au ketchup a été déclaré menace nationale, la population prend des hormones de croissance et les divinités mayas ont été remplacées par un concept global « Anna-Clara ». La libération des infirmières bulgares en Lybie c’était également toi quoi qu’en dise cette idiote de Cécilia Attias ex-Sarkozy. Le dictateur Kadhafi a manqué de « corones » et n’a pu que s’incliner face à une amazone des temps modernes. Les syriens t’attendent mais comme tu le dis si bien : « Bordel, j’ai pas le temps ! ».

Malgré ton goût pour ce mode de vie intrépide, tu as choisi de poser tes valises dans une zone longtemps restée inhospitalière du Nord-Est parisien rebaptisée en ton honneur « Pré Saint-Gervais Anne-Claire ». Depuis ton installation, les prix n’ont cessé de flamber et les touristes se bousculent. Pour votre information, ce n’est pas là où se déroulent les festivités de ce soir. Inutile d’accourir dans l’espoir d’y prendre part !

Rebelle envers et contre tous, tu n’as pas cédé aux bonnes résolutions culpabilisées et culpabilisantes des nouveaux quadragénaires et continue à fumer de plus belle. La cigarette électronique ne passera pas par toi. Paraphrasant Victor Hugo et en espérant que ta bonne étoile continue à briller, je te souhaite que 40 ans soit la jeunesse de la jeunesse. C’est l’âge où tout est possible et où vie est de plus en plus devant soi… Je te kiffe comme on dit dans le langage des jeunes. Felicidades y no pasaran !