mercredi 11 mars 2009

Journée Mondiale de la Femme: mon oeil !















On a célébré le 8 mars dernier la Journée Mondiale de la Femme destinée à parler de notre rôle essentiel et célébrer notre libération durement obtenue. A cette occasion, les médias nous ont montré les femmes qui ont marqué l’actualité récente et qui sont censées nous servir d’exemples.

Nous avons vu tout d’abord Ingrid de Betancourt, avec son visage de Madone énigmatique, qui préfère garder pour elle les souffrances endurées durant sa détention par les farcs. Elle a un peu fait partie de notre quotidien pendant toute ces années puisque, chaque fois que nous allions à la mairie, elle nous souriait en poster géant. Trois de ses copains otages se montrent plus bavards dans un livre récemment publié et démystifient la figure de Santa Ingrid. Ils disent en effet qu’elle n’est pas du tout sympa mais au contraire froide, manipulatrice et du genre à faire bande à part. Tout ça parce qu’elle a refusé de faire un plan à quatre. Même au fin fond de la jungle, nous ne sommes pas à l’abri du harcèlement sexuel. Est venue ensuite la mère courage de l’année : Rachida Dati, cette boeurette partie de rien et qui est aujourd’hui le bras droit de notre empereur Nicolas I. Elle ne veut toujours pas avouer qu’elle a fait un bébé toute seule, faute de temps pour draguer ou parce qu’elle préfère les femmes. Les rumeurs les plus folles ont couru sur l’identité possible du géniteur, jusqu’à accuser Aznar, l’ancien premier ministre espagnol dont la petit moustache sévère n’est pas sans rappeler un personnage historique tristement célèbre, Adolphe H. Allons Rachida, crache le morceau ! Ce sera une avancée pour la cause des femmes autrement plus significative que ton congé de maternité express, mondialement commenté et critiqué.

Triste constat : même ces femmes de pouvoir sont encore prisonnières du carcan des préjugés et d’une société machiste. Que dirait Simone de Beauvoir et son « Deuxième Sexe », ouvrage qui semblait pourtant annoncer l’entrée dans la modernité et la fin de notre esclavage (on m’aurait menti)? Mais en fait, ma mère mise à part, qui est mon modèle de femme sur terre ? Samantha Jones bien sûr ! Sauf qu’elle n’existe pas vraiment, c’est un personnage de série et puis elle a une sexualité d’homme. En parlant de femme-homme, je repense soudain à E, ma responsable lorsque je travaillais au Québec, corse par son père et khmer rouge par sa mère. Un mélange explosif qui la prédestinait au despotisme. Elle régnait en effet en maîtresse femme sur le département, tyrannisant le personnel avec son sourire à la JR Ewing et ses 40 kilos en trop. Elle avait tout de même réussi à se marier, la quarantaine largement passée, mais l’heureux élu vivait à Vancouver, à quelques 7000 km. « Loin des yeux, loin du cœur », nous pensions tous, mais personne, parmi les sous-fifres asservis, ne se risquait au moindre commentaire, par crainte de sanglantes représailles. Pauvre homme (le mari). Je revois encore son air traqué sur les nombreuses photos de mariage exposées comme des trophées dans le bureau de E. Elle le tenait fermement par l’épaule et il semblait vouloir dire : « sortez-moi de là ». J’ai eu des nouvelles indirectes de E récemment. Je feuilletais l’annuaire des entreprises classées au CAC 40 et je suis tombée sur son sourire carnassier. Son intitulé de poste s’était allongé mais elle n’avait pas changé. En même temps, c’était un peu normal car elle utilisait déjà cette photo, soit disant amincissante, avant notre collaboration qui remonte déjà à presque dix ans. Qu’est-ce que j’ai pu la détester !

Revenons à Simone B et aux préceptes qu’elle annonçait dans sa bible du féminisme. Elle écrivait notamment : « C'est par le travail que la femme a en grande partie franchi la distance qui la séparait du mâle ; c'est le travail qui peut seul lui garantir une liberté concrète.» Parlons-en de l’égalité dans le travail. A l’approche de la date fatidique du 8 mars, les articles traitant de la place de la femme dans l’entreprise ont foisonné pour mieux nous révéler que le combat est loin d’être gagné : parcours semé d’embuches pour accéder aux postes stratégiques, salaires low cost, sexisme… C’est mal vu d’être dans le schéma classique « mariée avec enfants » car nous ne pouvons pas nous donner corps et âme à notre employeur mais également suspect de ne pas l’être. Alors que faire ? Changer de sexe ? En créer un Troisième ? Une autre alternative est aussi d’aller grossir les rangs des « pétasses.com », agences de relations publiques composées uniquement de femmes, au risque de tomber dans les griffes d’une sociopathe comme E, qui se repasse en boucle « Le Diable s’habille en Prada ».

L’Espagne a voulu jouer la carte de la parité, en nommant un nombre significatif de ministres femmes et notamment une future maman à la Défense. Imaginez, une MAM, jeune, socialiste et enceinte ! Je reste tout de même sceptique, sachant combien il est difficile d’être une jeune femme moderne et émancipée dans la quatrième ville d’Espagne. C’est comme le mariage gay, du trompe l’œil. En effet, depuis mon arrivée en Espagne, je n’ai pas vraiment l’impression d’assister au triomphe de la cause homosexuelle, surtout à Saragosse. L’ambiance est plutôt à « I am the only gay in the village ».

Mais les vraies héroïnes du jour, ce sont toutes celles qui font votre quotidien. La femme qui vous a mis au monde, celle qui vous accompagne, celle qui vous nourrit, celle qui vous console, celles qui vous aiment et toutes les autres que vous ne connaissez pas encore. Avouez messieurs, qui a pensé à accorder un traitement spécial aux femmes de sa vie le 8 mars et ne vous réfugiez pas derrière les fausses réponses : « pour moi, c’est tous les jours la fête des femmes » ou « je suis pas très fort en dates »? Sans rancune.

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