mardi 29 septembre 2009

Vive la rentrée !












On a rangé les vacances dans des valises en carton… L’été s’étire autant que possible mais en vain, l’automne est déjà là. Réflexe de l’enfance oblige, la période appelle le changement et le renouveau. Chacun d’entre nous est resté cet écolier qui découvre avec un mélange de terreur et d’excitation sa nouvelle maîtresse et ses futurs camarades de jeu. Fini aussi le temps des cigales bien qu’il semble que j’ai rejoint les rangs des petites fourmis, car ma nouveauté à moi, c’est de rester dans la continuité. Pour une fois, point de déménagement, bouleversement, mouvement ou autres mots terminant en –ment qui forment habituellement mon quotidien.

Je laisse à d’autres, autrefois apôtres d’une vie bien réglée, le lot de la remise en question. Tous mes vœux vous accompagnent chers amis. Je pense que certains se reconnaîtront, comme le petit JL qui reprend courageusement le chemin de l’école, afin de constater les évolutions majeures de l’enseignement depuis 1977, date de son dernier passage sur les bancs de la fac. Pardon JL, tu sais bien que les années qui passent riment pour toi avec rajeunissement et tu te fondras sans problème dans la masse des ingénieurs en culottes courtes.

J’ai donc choisi de prendre le contre-pied de la grande tendance 2009 et m’essaie à un nouveau mode vie jusqu’ici inconnu : la stabilité. J’avais fait une première tentative d’installation il ya quelque temps, dont la concrétisation majeure avait été l’achat d’une machine à laver, acte hautement symbolique qui avait stupéfait mon entourage mais l’objet avait été rapidement revendu. A l’époque et avec mon niveau de réticence, cette acquisition équivalait à celle d’une maison en banlieue avec un crédit de 30 ans. Cet exemple qui peut sembler anodin résume parfaitement la terreur enfantine que m’inspire un univers trop rassurant. Je devrais d’ailleurs modifier le titre de ce blog et l’intituler plutôt : « L’art de survivre à la routine ou suis-je enfin adulte ? ». Vais-je résister à l’appel de la bohême et du voyage ? Ah bougeotte quand tu nous tiens. Je peux essayer de m’adapter mais il est trop tard pour changer. Je veux rester du côté du monde libre car il y a toujours des fléaux à combattre et des crises à surmonter.

Je suis tout de même un peu déçue car après des années d’exil, j’aurais aimé retrouver une rentrée sociale française digne ce nom : saignante, sanglante, rouge à souhait or, rien ou presque ne se passe. Au moment où j’écris ces lignes, je me trouve sur le site de l’Université du Mirail, temple de la protestation, mais l’atmosphère est étrangement calme. Le campus ressemble à une ville fantôme avec un vent glacial qui s’engouffre dans les couloirs, menaçant d’arracher les étendards anarchistes qui résistent tant bien que mal. Il n’y a pas âme qui vive. Je rase tout de même les murs par prudence car n’oublions pas que je représente une banque donc le Capital, L’Ennemi… Un pavé est vite arrivé et peut faire beaucoup de dégâts sur un corps frêle et désarmé. J’ai pourtant envie de crier aux révolutionnaires en herbe qui se terrent quelque part dans les amphis décrépis : « Ne craignez rien, je suis de votre côté. Je suis en mission d’infiltration pour dénoncer le grand complot du patronat dont nous sommes tous victimes. »

De toute façon, l’évacuation sanitaire est proche. La grippe A touche de plein fouet les établissements dotés d’une population mouvante et incontrôlable. Les constructions délabrées conviendraient d’ailleurs à la perfection à un scénario de fin du monde. Situation d'urgence sanitaire oblige, je vais désormais revêtir l’un de ces masques anti-contagion dont nous recevons des quantités ridiculeusement colossales, me transformant en une sorte de Zorrette vengeresse. Je peaufine encore les détails de mon action salvatrice mais l’idée centrale est de redistribuer l’argent injustement stocké dans les banques. Je prouverai ainsi aux plus incrédules qu’il existe encore des entreprises de gauche et que ce ne sont pas juste des « poissons volants ». Aborder la réalité par le prisme du cinéma aide souvent à surmonter les situations les plus effroyables. Salariés opprimés, malmenés, gardez espoir, arrêtez de vous défénestrer et de vous poser en martyrs du combat professionnel ! L’issue est proche. No pasaran.