La démocratie récemment instaurée à la ruche est menacée. L’Ordre des Mâles multiplie les basses manœuvres pour reprendre le contrôle et imposer des règles strictes, en prônant les notions de productivisme et de conformisme, au détriment des préoccupations créatives. Telles les enfants des « Mille jours » de l'Unité populaire du gouvernement Allende dont l’expérience inédite avait été broyée par la dictature féroce du Général Pinochet, les abeilles se préparent à affronter l’inéluctable fin d’un âge d’or. Mais comment renoncer à ses rêves alors qu’on a goûté à l’espoir ? Il est impossible de revenir en arrière, la résistance s’impose. Le « No Pasaran » salvateur est à hurler plus fort que jamais.
Bien que nous soyons en
2013, j’ai l’impression d'être une suffragette en train de se débattre dans un
monde hostile dominé par les hommes. Car au-delà du fait que l’impitoyable
machine entreprise cherche à réaffirmer ses droits sur nous, un vieux fond de misogynie
mal enfoui ressurgit comme pour mieux nous remettre à notre place. Il paraît
évident en effet qu’aux yeux de ces messieurs, étriqués dans leurs petits
costumes de chefs, nous avons pris trop d’aisance, trop de pouvoir, et nous
constituons une menace pour leur crédibilité. « Fini de chanter petites
cigales, il est temps de rentrer dans le rang ! », semblent-ils dire.
Pourtant, si je devais me définir, je ne me comparerai pas à la Cigale qui,
dans la fable La Fontaine, a un comportement négligent et parasite et encore
moins à la Fourmi qui accumule égoïstement dans son coin le produit de ses
efforts. Seule une figure m’inspire dans le microcosmos : Maya, l’abeille anticonformiste
et rebelle qui s’est insurgée contre le butinage à la chaîne et a choisi de
vivre dans une fleur entourée de compagnons peu conventionnels. Maya, icône
rock par excellence avec ses rayures affolantes !
Même notre responsable
hiérarchique, tendrement affublé du sobriquet de Bosley, qui nous avait
séduites par son accessibilité et son style métro-sexuel semble avoir basculé
du côté noir de la force. Il échange des œillades suspectes avec le
représentant des Ressources Inhumaines venu nous annoncer, à l’occasion de notre
grand rassemblement automnal, à quelle sauce nous allions être mangées. Alors
que nous pensions avoir trouvé un allié dans le combat pour la liberté des
femmes, nous avons brusquement affaire à un homme de main qui exécute les sales
besognes et applique les bonnes pratiques apprises dans les écoles de
management : étouffer la grogne, diviser pour mieux régner, entretenir le
flou…
Et maintenant quoi ? Il nous faudrait accepter une proposition
insatisfaisante en nous estimant contentes de ne pas nous retrouver sur le
trottoir, fort dépourvues avec la bise qui arrive et criant famine. Non ! « Nous voulons du pain, mais
aussi des roses ! » Les esprits s’échauffent et l’heure n’est pas
encore au renoncement même si le mouvement reste difficile à canaliser et à organiser
car, alors que certaines abeilles sont en proie à une hystérie incontrôlable,
d’autres, percées à jour par la méthode Bosley, préfèrent se désolidariser du
collectif pour protéger leurs intérêts personnels, s’accrochant à de vagues
promesses. L’adversité est un grand révélateur de caractères qui élève ceux
qu’elle ne dégrade pas. J’ai d’ailleurs dû intervenir en prétextant le respect
du choix individuel pour sauver la peau d’une des réfractaires à l’action
commune, qui, refusant de signer un tract contestataire, se faisait traiter de
« collabo » par les autres. Sale époque. Heureusement que nous sommes
dispersées géographiquement car en d’autres temps, elle aurait risqué la tonte
honteuse.
Quelles sont les nouvelles du front me demanderez-vous ? Pour tout vous dire, nous n’avons pas encore pris les armes. Nous tentons pour l’instant la conciliation pacifique et il est vrai qu’après les réactions passionnées des premiers jours, la mobilisation retombe un peu, surtout avec les ponts de novembre. Ambiance sous les pavés la plage. Nous veillons tout de même avec quelques autres à ne pas baisser la garde. Cette situation de crise n’aura pas créé que des divisions et des alliances inattendues se sont mises en place. Tout en préparant notre prochaine contre-offensive, je suis partie en permission pour m’aérer l’esprit et explorer de nouvelles fleurs qui pourraient constituer de potentiels refuges pour l’avenir. No pasaran !
Quelles sont les nouvelles du front me demanderez-vous ? Pour tout vous dire, nous n’avons pas encore pris les armes. Nous tentons pour l’instant la conciliation pacifique et il est vrai qu’après les réactions passionnées des premiers jours, la mobilisation retombe un peu, surtout avec les ponts de novembre. Ambiance sous les pavés la plage. Nous veillons tout de même avec quelques autres à ne pas baisser la garde. Cette situation de crise n’aura pas créé que des divisions et des alliances inattendues se sont mises en place. Tout en préparant notre prochaine contre-offensive, je suis partie en permission pour m’aérer l’esprit et explorer de nouvelles fleurs qui pourraient constituer de potentiels refuges pour l’avenir. No pasaran !