jeudi 26 février 2009

Vive les quadras!
















C’est à cause de titre de ce genre que je ne peux pas inviter ma mère sur ce blog. Certes, elle rit aux éclats face aux frasques de Samantha Jones mais, en serait-il de même s’il s’agissait de moi, sa fille, la chair de sa chair. Et ne parlons même pas de mon père, pour qui je serai toujours «le miracle immaculé ». Mon Père ce Héros, mon papa à moi. Ah cet Œdipe insurmontable et insurmonté ! Remarquez, ils ont déjà vu mon frère, l’acteur de la famille, travesti en Madonna, fumant un joint dans une soirée échangiste et même nu dans une pub, mais ce n’est pas pareil, « c’était pour les besoins du rôle » et puis, je suis l’aînée, l’exemple, l’incarnation du sérieux…

Je suis donc allée skier il ya quelques jours avec trois amis quadragénaires, en me disant les petits jeunes ça suffit, il est temps que je m’intéresse aux hommes mûrs. Une journée à la montagne en période de guerre de la récession, une aubaine. Le ski est en effet un sport assez élitiste et en Espagne encore plus qu’ailleurs, mais j’ai décidé d’assumer pleinement ma condition de « chômeuse VIP », espèce en voie de disparition. Pardon camarades immigrants, candidats au rêve espagnol qui s’écroule, je me suis désolidarisée seulement pour une journée. Ici, en effet, point de chucky Hector ou vendeurs ambulants sénégalais à l’horizon. C n’est pas là pour détecter les « fils d’Aznar à pull vert », représentants de la droite traditionnelle, mais au bout d’un an et demi, j’ai acquis une certaine expérience dans cet exercice. J’en aperçois quelques uns, bien que camouflés dans leur doudoune. Je les ignore ou leur lance des regards dédaigneux et insoumis. No pasaran ! Oups, ai-je trahi mes tendances politiques ? Il ya quelques alternatifs tout de même, mais plutôt du côté des perchmans et du staff technique. Ils ont un style inimitable et particulièrement seyant : extension de dreadlocks qui partent de différentes parties du crâne, anneaux aux oreilles façon Vache qui rit, piercings sur le visage qui, de loin, ressemblent à une acné tenace…

Mais revenons à mon observation sociologique des hommes de plus de 40 ans… Il faut avouer qu’ils ont la pêche pour leur âge (pardon à ceux qui ont déjà passé ce cap douloureux), surtout K, l’allemand. Il est l’une des rares personnes que je connaisse qui allie sens de la fête et goût pour l’exercice physique, débauche nocturne et endurance sportive dès l’aube. Increvable. Bien que plus jeune de quelques décennies, je suis battue à plate couture. Mais la journée a pour thème « un esprit sain dans un corps sain » et nous abordons des sujets sérieux, notamment sur les télésièges, moments de pause propices à la réflexion et aux échanges d’idées. K me fait ainsi part d’un constat pour le moins surprenant. Il est frappé par la modération des espagnols quant à la consommation d’alcool sur les pistes. En Allemagne, au contraire, les parcours sont jalonnés de bars qui proposent tous types de boissons locales et incitent à des pauses régulières. K laisse même couler une petite larme lorsqu’il assiste, impuissant, à la fermeture des bars de station dès 17 heures, interdisant toute possibilité d’after ski digne de ce nom. Avis à ceux qui ont l’intention de se rendre dans le Tyrol autrichien : éviter de skier après 15h, sous peine d’être pris pour cible par une "bûche humaine", en état d’ivresse. En plus, ils sont généralement assez costauds. A ce sujet, je me souviens que le concept du « ski bar » avait été inspiré par E en 2002, qui rentrait justement d’un an d’expatriation en Allemagne.

Autre protagoniste de cette journée placée sous le signe du sport : F, père divorcé, qui me parle de ses difficultés avec sa fille adolescente. Dois-je lui avouer que sous mes faux airs de jeune femme posée, il ya une adolescente en crise qui crie ? Vient enfin R, l’autiste de la joyeuse bande. Grand moment de solitude lorsque je me retrouve, après avoir vainement tenté de me perdre dans la foule, à ses côtés sur le télésiège biplace. « The Sound of silence » ou l’art de faire soi-même les questions et les réponses. Tout le monde ne s’attendrit pas sur le modèle du grand garçon timide. R retrouve pourtant la parole pour aller protester au bureau central de la station contre la mauvaise qualité des prestations, espérant obtenir une ristourne (radin en prime). Pulsion bolchévique, initiative courageuse dont on a pourtant quelques doutes quant à l’impact réel. En effet, le bureau est fermé et il ne trouve pour recueillir ses revendications que la femme de ménage salvadorienne qui le rabroue sans ménagement à coup de balai, en lui criant : « Vous, les espagnols, ne connaissez pas votre chance. Dans mon pays, ceux qui osent monter le ton sont immédiatement arrêtés, jetés en prison et on ne les revoit plus jamais. JAMAIS ! ». Ayant quelques lacunes quant à la situation géopolitique du Salvador, R s’abstient de répliquer et replonge dans le silence. Il ne prononce d’ailleurs plus un mot pendant le trajet retour, sauf pour répondre par un grognement aux taquineries de son ami F, qui est très taquin. Et si derrière cette façade d’hommes mûrs, il y avait aussi des gamins qui crient ? Décidément l’âge est une donnée très relative.

1 commentaire:

  1. lollll mais j ai pas compris qui est K, et R et F ??? arffffff non tu dois avoir un pbm sur ton ordi, ça doit etre ça qui bouffe la fin des mots zut zut zut lolll

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