vendredi 15 mai 2009

Pépé, Dada, Gaby et les autres
















Les amours passent, les amis restent. Cette expression parle, je pense, à la majorité d’entre nous. Je suis loin d’exceller dans tous les domaines mais je dois dire que, côté amitié, j’ai toujours été gâtée. Dans les années 1990, par un matin brumeux à Barcelone, une mystérieuse bohémienne m’avait prédit que je voyagerais beaucoup et que je serais toujours entourée. La suite a prouvé qu’elle n’avait pas tout à fait tord. Nouveau coup du destin : à un tournant de ma vie et sans faire un mauvais remake de la célèbre chanson de Bruel, je vais partager un appartement avec les amis avec qui je vivais à Londres, il ya 10 ans. On s’était dit rendez-vous... Quant à savoir si on est devenu des grands hommes, je dirais que l’on fait ce qu’on peut. Après des joies, des peines et des itinéraires séparés, nos chemins se croisent à nouveau, mais cette fois dans le Sud de la France.

Les garçons, vous n’avez pas pris une ride. Le Temps, cet ennemi impitoyable, a glissé sur vos visages sans laisser la moindre empreinte, et je ne dis pas ça seulement dans un objectif de bonne entente à la maison. Mais que vont donc penser les voisins de notre drôle de trio ? Etrange époque que la nôtre où les schémas traditionnels disparaissent au profit de combinaisons improbables. Nous sommes les exemples vivants du fait que la vie n’est pas un long fleuve tranquille. J’envie parfois ceux qui ont une existence dite « stable » mais aussitôt surgit la vision aliénante du pavillon de banlieue avec pelouse impeccablement tondue, enfants blonds souriant outrageusement, le tout sous la protection de Lassie chien fidèle. Je sais, je suis trop radicale et il existe certainement un juste milieu entre l’Insoumission et la famille Ricoré. De toute façon, nous n’aurons pas d’animal de compagnie, suite à l’adoption ratée d’un chat égaré dans les faubourgs londoniens. A l’époque, le pauvre animal avait été banni à l’unanimité, à cause de son incapacité à s’autogérer au niveau alimentation et hygiène. La jeunesse est cruelle. Pardon à nos amis les bêtes !

Rien n’est pourtant jamais acquis en amitié, bien précieux qu’il faut savoir entretenir par des efforts constants. A ce sujet, notre ami commun, Pépé le Terrible, nous a mis à l’épreuve cette semaine, à l’occasion d’une assistance imposée à son déménagement. 28 degrés, monter, descendre 5 étages sans ascenseur avec des charges toujours plus lourdes, jusqu’au moment où l’on perd la notion du temps et on arrête de compter. Cela vaut tous les cours de step du monde et pendant que j’exécutais docilement l’exercice, je songeais qu’il faudrait que j’en parle à ma copine blonde qui se morfond à Saragosse depuis mon départ. Il ya effectivement une vie en dehors du club de sport !

Alors que j’étais au bord de l’agonie, accrochée à la rampe de l’escalier, une toute jeune fille, gagnée par la pitié, est venue à ma rescousse : « Madame, vous avez besoin d’aide ? ». J’ai décidément perdu l’habitude du formalisme français qui, en plus, nous vieillit prématurément. J’ai cependant préféré passer outre, profitant de ce coup de main inespéré et me disant que cela ne pouvait que faire du bien à cet enfant, qui avait vraiment besoin de perdre une dizaine de kilos. J’ai aussi invité Pépé à la remercier chaleureusement. Il m’a alors répondu : « Surveille-là, elle va sans doute chourer un truc ». Ce sentiment de méfiance est tellement caractéristique des français qui ne peuvent concevoir les actes solidaires et désintéressés.

En parlant de générosité, Pépé, n’oublie jamais ce que nous avons fait pour toi. Cette aventure collective a été certes fédératrice et je garderai un souvenir impérissable du contact de nos corps ruisselant de sueur, collés serrés dans le camion, mais j’ai eu mal au dos pendant deux jours. Et puis, notre esprit solidaire t’émeut mais, tu nous connais, tout se paie trés cher. Notre effort sera donc directement proportionnel au nombre de caisses de champagne que mon œil attentif n’a pu que repérer pendant l’exécution des travaux forcés. Marque également en rouge la date du 6 juin, jour de notre déménagement. Nous te réservons un traitement de faveur dont nous peaufinons encore les détails. Avis aux amateurs d’expérience en groupe, on recrute !

3 commentaires:

  1. Ça va pas arranger les relations avec Pépé !?!

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  2. Qui aime bien, châtie bien!

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  3. Le déménagement vu par Valou, j'adore son style ! une future Gavalda‏

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