jeudi 3 mars 2011

Banditas














Les festivités prévues pour célébrer l’Année du Mexique en France sont annulées par solidarité «humanitaire» avec Florence Cassez, cette française qui purge au Mexique une peine de 60 ans pour des enlèvements qu'elle nie, et surtout suite à la pitoyable tentative du président français pour négocier sa libération. Là où il aurait fallu user de discrétion, de finesse et de tact, notre empereur Nicolas Ier a joué les donneurs de leçons, imposant haut et fort la France comme modèle à suivre en matière de démocratie et de justice et reléguant le Mexique au rang de système corrompu et dégénéré.

Curieusement les autorités mexicaines ont pris la mouche et cette pauvre Florence n’est pas prête de revoir le ciel de Paris. Echec cuisant donc pour notre super-président qui pensait redorer le blason de la France et faire oublier une succession de bourdes diplomatiques. Mais le plus grave est que, suite à cette surmédiatisation de l’affaire Cassez, l’opinion publique française, jusqu’alors compatissante ou non informée, est en train de se retourner contre Florence. Parmi les avis qui s’élèvent de la foule, certains s’avèrent particulièrement objectifs et argumentés : «Il n’y a pas de fumée sans feu. Elle était forcément au courant des agissements de son compagnon.», «A cause d’elle, le festival Rio Loco n’aura pas lieu.», «C’est agaçant tous ces articles. Qu’on nous parle d’autre chose que de Florence au pays des Picaros!», «Et puis, elle s’appelle comme ma cousine que je déteste!». Arrivée à saturation, la rue ne veut plus rien savoir et préfère condamner sans preuve. Florence est surtout coupable d’avoir choisi le garçon qu’il ne faut pas.

Avant toutes ces fâcheries et vexations politiques, j’ai moi aussi vécu une aventure mexicaine, sur un mode certes plus calme mais l’épisode mérite d’être mentionné. L’Amérique du Sud ne m’est pas inconnue et je refusais de m’arrêter aux clichés habituels d'insécurité et de violence associés au Mexique. Il n’en allait pas de même pour mon entourage qui, nourri d’images télévisuelles, me voyait déjà abusée par des narco-trafiquants, dévorée par des chiens de combat, kidnappée par des policiers petits et obèses ou encore succombant à une overdose de tequila et de haricots rouges. C’est donc le cœur léger que je m’étais rendue à l’aéroport, après des adieux déchirants avec mes proches, tous persuadés de me voir pour la dernière fois. Et au final, rien, pas la moindre contravention ou tentative d’arnaque, et encore moins de bakchich forcé. De ce que j’ai pu voir, les mexicains sont incroyablement sympathiques et honnêtes. Certaines villes comme Campeche sont même de véritables Oui-Oui Land, avec le bleu du ciel et de la mer des Caraïbes, des petites maisons aux couleurs vives et une population jeune et insouciante qui déambule nonchalamment dans les rues. Mes compatriotes, purs produits d’une société aigrie et vieillissante, devraient venir y faire régulièrement des cures de risothérapie. Le danger est ailleurs.

Florence Cassez n’a pas eu autant de chance. D’ailleurs, à quoi songe t’elle depuis sa geôle exiguë ? Son cas m’interpelle d’autant plus que nous avons le même âge et qu’il m’est arrivé aussi de manquer de discernement en matière d’hommes, avec des conséquences bien évidemment moins dramatiques. Jeunes filles, méfiez-vous des mauvais garçons ! Tôt ou tard, cela se termine mal.

L’écriture est une excellente thérapie et pourrait constituer pour Florence un moyen d’évasion. J’envisage donc, si elle est d’accord, d’entamer avec elle une correspondance qui proposerait un regard croisé sur le thème de la liberté. En effet, le sentiment d’enfermement n’est pas réservé uniquement aux personnes incarcérées mais peut être également ressenti à l'extérieur et dans un cadre douillet. Comment parvenir alors à briser ses murs et ses chaînes ? Il y aurait aussi des sujets plus légers ciblant le lectorat féminin et expliquant notamment comment détecter les mauvais maris potentiels, cuisiner avec trois fois rien, supporter les communautés de femmes… Je suis sûre que Florence va être séduite par le projet car nous avons tellement de points communs ! Le rire parviendra peut être à balayer les larmes et à adoucir l'impartialité de ses accusateurs. Nous préparerons aussi le plan média pour sa sortie que j'espère prochaine. Que sea valiente amiga, no te olvidamos. No pasaran !

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