mardi 8 décembre 2009

Influenza















Ce titre n’est pas une énième évocation de ma récente épopée hispanique, ni le nom donné à la dernière tempête tropicale qui s’est abattue violemment sur les villages côtiers déjà dévastés du Honduras. Le sort ne s’acharne pas toujours sur les mêmes et cette fois la planète entière est concernée. Il s’agit en fait d’une tornade d’un autre type, tout aussi virulente, qui s’immisce dans notre quotidien intime sans prévenir et qui crée des dommages irréparables. « Influenza », c’est l’autre appellation donnée au virus de la grippe. Rien qu’à la lecture du mot « grippe », chers lecteurs, je vous imagine tremblants d’effroi, cherchant en vain une issue de secours pour échapper à la contamination générale qui nous frappe.

Fièvre et toussotements. Et si la fin du monde était proche ? Fiction ou réalité, difficile de savoir ce qui se passe vraiment, tellement la confusion règne. On nous cache tout, on nous dit rien. Les politiques s’en mêlent, les médias nous embrouillent et chacun y va de sa dernière information irréfutable communiquée par un cousin en première année de médecine qui a entendu dire que. Je vous livre l'ultime en date révélée hier soir au cours d’un dîner : « Il faut tuer le mal par le mal et se faire injecter du sang de cochon un soir de pleine lune en chantant This is the End de Jim Morrisson, en hommage à ce chanteur trop tôt disparu et adepte des rituels chamaniques ». C’est en toute confiance que je vous dévoile le secret de cette recette de grand-mère dont l’efficacité ne fait aucun doute.

La grippe A/H1N1 est le grand sujet du moment et permet de meubler les conversations entre collègues, en ajoutant un souffle nouveau au traditionnel échange de banalités. L’une d’entre elles est d’ailleurs fortement remontée dans mon estime, du moins au niveau de son potentiel narratif, tellement le récit de sa tentative d’accès au centre de vaccination avec ses deux bambins sous les bras était poignant et tragique. « Il pleuvait sur Toulouse ce jour-là, les enfants grelottaient de froid et de faim, les femmes enceintes et les vieillards tombaient comme des mouches face à l’indifférence générale. Puis vint le moment où les autorités sanitaires sont arrivées à cours de vaccins et ce fut l’émeute. Les plus faibles ont été piétinés et la foule a été finalement dispersée par une troupe d’élite sarkoziste, à coup de gourdins. », nous a-t’elle raconté, encore en état de choc. C’était presque aussi triste que la rafle du Vel d’hiv ou la famine en Afrique. Tout le bureau sanglotait. J’ai alors brisé la minute de silence dédiée aux victimes de cette journée sanglante en disant : « eh ben il fallait dire NON AU VACCIN et faire front contre le grand complot des laboratoires pharmaceutiques qui nous trompent et nous manipulent». Elle m’a répondu, reniflant de défit : « Ce n’est pas pour moi. C’est pour mes enfants. Tu ne peux pas comprendre. Tu verras si cela t’arrive un jour ». Pitié pas le discours de la mère courage envers et contre tous et reclassification immédiate dans la catégorie « bobonne de banlieue » irrécupérable et lobotomisée par le journal de TF1.

Stimulée tout de même par cet élan de créativité littéraire et ayant envie de surfer sur le thème à la mode du vampire sympathique et sexy, j’ai pensé un instant lui expliquer que le virus ne passerait pas par moi car j’étais déjà morte il y a 5 siècles de la peste noire. Je devais ma résurrection à l’intervention d’un Nosferatu travesti, en rupture de ban avec ses congénères à cause de ses orientations sexuelles, d’où la connivence que j’entretiens depuis avec les exilés et les outsiders. Je me suis finalement abstenue, songeant que le lieu était mal choisi pour disserter de la symbolique hautement érotique du « baiser-morsure ». L’imagination au pouvoir n’est pas donnée à tout le monde.

Un mal peut en cacher un autre et la Grippe A/H1N1 sera rapidement oubliée au profit d’autres coups médiatiques. Vite un tsunami ou un tueur en série cannibale pour Noël !

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