mercredi 18 février 2009

Bienvenue chez les Maños

Le 5 février dernier, Zaragoza célébrait la Santa Agueda, jeune sicilienne, convoitée par un méchant roi et morte, toujours vierge, en martyre au 3eme siècle. Cette journée dédiée aux femmes leur octroie l’autorisation exceptionnelle de sortir seules et de se livrer à des activités transgressives. Mon Dieu, c’est seulement possible une fois par an pour certaines ? Autrefois elles défilaient innocemment en agitant des mouchoirs colorés, aujourd’hui elles peuvent profiter d’un vaste choix de soirées chipandels, à partager entre filles uniquement. L’Espagne, toujours entre tradition et modernité.

Je n’ai alors pu m’empêcher de faire le bilan sur ces 15 mois au pays des Maños, sur les traces d’Antonio Banderas (on m’aurait menti…). Pour les non initiés aux us et coutumes aragonais, les Maños sont les habitants de l’Aragon, réputés pour leur attachement à la terre, aux traditions, à l’église… J’aurais du me méfier… Morceaux choisis.

Mon ami Sarkozy
Le syndrome Tanguy est surdéveloppé en Espagne et je ne peux commencer cette galerie de portraits qu’avec celui que j’avais surnommé avec une « ironie affectueuse » mon ami Sarkozy, à cause de son admiration sans borne pour notre empereur Nicolas I. 33 ans, vivant chez ses parents, conservateur, catholique, xénophobe, rêvant de vivre à Madrid mais sans franchir le pas (300km), voyageant à travers la compagnie d’étudiants Erasmus de 22 ans… On ne pouvait que fondre et avoir du mal à croire au miracle de cette rencontre. Parfois on se dit, il faut essayer de comprendre l’autre et accepter la différence mais, grâce à lui, j’ai enfin compris le sens des paroles « We have nothing in commun… »…

Le monde selon Dean
Mon entrée sur la scène professionnelle espagnole a aussi été haute en couleurs, surtout grâce au charisme et au magnétisme de Dean, mon premier employeur. Directeur artistique autoproclamé, il est passé maître dans le plagiat de maquettes existantes et dans l’utilisation de la palette de couleurs Photoshop. Curieux de tout, il ne quittait jamais le périmètre du centre ville, allant, toujours en taxi, de son appartement à la salle de sport, de la salle de sport au centre de bronzage et parfois, dans les moments de grand désœuvrement, au bureau, histoire de se préparer pour le grand rôle de sa vie : chef d’entreprise. Fièrement « monolangue », il avait préféré de ne pas apprendre l’anglais, pourtant la langue de sa mère. Mais ce touche à tout devrait bientôt se lancer dans une nouvelle carrière, celle d’acteur porno. Si on en croit les photos personnelles qu’il laissait « négligemment » traîner sur le serveur, il a un grand potentiel… Bravo l’artiste, un génie créatif et une source d’inspiration permanente.

Fernando le Barjo
Une expérience à l’étranger n’est jamais totalement complète, sans la rencontre avec le psychopathe local. A Saragosse, il porte le nom de Fernando et rode le soir dans les meetings linguistiques, sous prétexte d’apprendre l’anglais, mais c’est pour « mieux te manger mon enfant ». Il se trouve que ce garçon fait le même métier que moi mais son comportement proche de celui du personnage de Dustin Hoffman dans Rain Man (souvenez-vous l’autiste qui parle tout seul en agitant la tête…) m’a très vite fait comprendre que je n’avais pas trouvé en lui mon futur associé. C’est en effet un garçon qui parle beaucoup et pour être sûr de ne rien oublier il envoie de nombreux mails tous les jours. Son style est proche de l’écriture automatique surréaliste : on commence quelque part, on fait des tours et détours et on verra bien où on termine. Mais un jour, à l’approche de Noël, le ton est devenu moins inoffensif, lorsqu’il a commencé à m’appeler Helena comme son ex, à qui il en veut beaucoup, avec des bouffées mystiques délirantes. Souhaitant échapper au destin de la blonde qui crie et finit mal comme dans tout bon film d’horreur de série B, je lui ai demandé d’arrêter, en prenant un air menaçant. Il semble avoir compris le message mais l’autre soir je l’ai aperçu de loin, parlant avec une future nouvelle victime… Son regard a croisé le mien et c’était un signe que le psychopathe n’est pas mort et qu’il y aura une suite, comme dans les Freddy 1, 2, 3…5.

Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé est fortuite… Au secours, sortez-moi de là.

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